Déclaration du Sgen-CFDT au CTA du 11 octobre 2019
MAJ du 5 novembre 2019
Déclaration liminaire du Sgen-CFDT au CTA du 11 octobre 2019
Mesdames, Messieurs,
Selon notre Ministre, la rentrée s'est très bien passée.
La rentrée s'est bien passée, oui mais des élèves en situation de handicap ne sont toujours pas
accompagnés, ou pleinement accompagnés, faute de candidats aux fonctions d'AESH. Et c'est tout le système
qui en pâtit, les élèves en situation de handicap, les autres élèves de la classe, les enseignants.les équipes
pédagogiques.
La rentrée s'est bien passée, oui mais des AESH ont travaillé près d'un mois sans contrat et sans paie en
fin de mois. C'est inacceptable. Pour un mi-temps à 602 euros par mois, on ne peut que saluer leur sens du
service. Mais combien d'angoisse face aux échéances qui tombent ? Face aux agios des banques ? Face aux
relances des bailleurs ? Combien de larmes pour les mères isolées ? Il est insupportable de s'entendre dire
qu'il faudra attendre octobre pour percevoir ce qui est dû. Et encore, combien d'envie de démissionner ?
Combien d'incitation à démissionner de la part de certains collègues gestionnaires ? Oui, nos collègues des
services déconcentrés et du lycée mutualisateur font leur possible. Mais leur a-t-on donné les moyens de faire
l'impossible ? Nous vous avons alerté le 13 septembre sur le risque de non versement des salaires. Avec pour
seul résultat que le risque s'est avéré.
La rentrée s'est bien passée, oui mais déjà les directeurs et directrices d'école nous disent leur fatigue,
leur isolement et leur incompréhension. Enquêtes, projets, dossiers remontent vers la hiérarchie et les
services. Oui mais au prix de combien d'heures prises sur le nécessaire temps personnel. Combien d'heures
passées à remplir un PPMS de 24 pages ? Combien d'heures consacrées pour remonter les Gevasco ? Combien
d'heures pour préparer les élections des représentants de parents ? Combien d'heure passées à classer, trier,
lister, cocher, photocopier, agrafer,....? Combien de minutes par jour à être déranger dans sa fonction
d'enseignant: vérifier, déverrouiller, ouvrir la porte, répondre au téléphone, aux sollicitations des parents, des
collectivités territoriales ?
La rentrée s'est bien passée, oui mais aucune directive n'a été donnée aux collègues, directrices/teurs,
chefs d'établissement sur la mise en oeuvre de la circulaire du 5 juin. Aucune information n'a été donnée aux
AESH sur la modification de leur quotité de service. Avec pour conséquence une incroyable cacophonie : AESH
pensant qu'elles allaient être payées moins, coordonnateur refusant les 19h35 de service et imposant 24
heures, chefs d'établissement cherchant à remplir les 5 semaines en sus des 36 de présence élèves.
La rentrée s'est bien passée car les lycéens de première générale et technologique ont les
enseignements de spécialités et d'options qu'ils ont choisi. Tant mieux et souhaitons leur réussite aujourd'hui
et dans leur avenir. Oui, mais quelle fatigue des enseignants qui se les sont appropriés consciencieusement
pendant des vacances mais qui seraient à revoir nous dit-on à Rodez.
La rentrée s'est bien passée dans les lycées généraux et technologiques car les emplois du temps et les
groupes tournent, presque partout. En vision macro, oui mais en vision micro c'est un chef d'établissement qui
dit que les trois semaines de rentrée ont été un enfer. Il n'est pas douteux que pour un chef d'établissement
qui l'exprime, il y en a bien d'autres qui le ressentent aussi. Sans parler de la migration vers Kosmos, aussi
exigeante que la conquête de la Lune, mais sans garantie de faciliter le travail des équipes.
La rentrée s'est bien passée, oui mais pourquoi rajouter aux directeurs, directrices et chefs
d'établissement de tenir et remonter chaque semaine le tableau des rendez-vous des familles avec
l'établissement et l'AESH de leur enfant ? Ne pouvait-on pas faire confiance aux collègues concernés pour
assumer cette tâche sans qu'il soit besoin de les contrôler ? Que nous disent les chefs d'établissement et les
directeurs, directrices ? Qu'on les laisse travailler sans contrôle exacerbé, qu'on cesse de les exposer ainsi que
les personnels des établissements et des écoles à des discontinuités administratives ou politiques, qu'on leur
fasse confiance. La confiance n'exclut pas le contrôle, dans l'armée peut-être, dans l?Éducation nationale, pas
nécessaire.
La rentrée s'est bien passée, oui mais ce sont des classes de collèges et lycées plus chargées, ici 33
collégiens en cours de physique, 35 élèves ou plus en cours de langues ou de spécialités, là encore une arrivée
massive d'enfants allophones sans accompagnement, c'est un câblage réseau qui sera peut-être fini au retour
des vacances de Toussaint dans un lycée 4.0, c'est-à-dire avec 3 mois de retard comme dans les deux vagues
précédentes. En attendant, les ordinateurs mis à disposition gisent, pédagogiquement parlant au moins, au
fond des tiroirs.
La rentrée s'est bien passée, oui mais en lycée professionnel les CAP sont à 22, 23 jusqu'à 27 élèves,
sans dédoublement. Où sont passées les heures complémentaires ? La co-intervention se met en place,
parfois, avec deux collègues qui ne se voient pas. La consolidation demande aussi un grand investissement de
la part des collègues, des réunions supplémentaires et un perpétuel ajustement des groupes en fonction des
remédiations prévues.
La rentrée s'est bien passée en GA, oui mais grande démotivation chez les professeurs qui ont eu en
juillet des réunions où les inspectrices n'ont pas voulu entendre la détresse de ces professeurs qui redoutent
la fermeture de la section. Elles ont également souffert du peu de considération et du ton employé par ses
mêmes inspectrices. Il y a pour nous beaucoup trop d'arrêts maladie en ce début d'année, ce qui met en
évidence un malaise certain...
La rentrée s'est bien passée, le système fonctionne car les personnels fonctionnent mais ils ne servent
pas. Les collègues nous disent leur démotivation, leur acceptation résignée de n'importe quelle consigne.
Fonctionner c'est agir sans envie, sans intérêt, sans motivation. Servir c'est autre chose. Il y a une dignité, une
estime de soi dans le fait de servir. Des collègues qui se contentent de fonctionner, cela ne nous rassure pas.
La rentrée s'est bien passée, mais nous n'avons jamais eu autant de demande de participation à nos
formations syndicales sur la santé au travail.